OVER THERE
OVER THERE
2005 - de Steven BOCHCO et Chris GEROLMO
Le quotidien de soldats américains en Irak. En ces temps troublés, ces hommes et femmes en uniformes doivent affronter la mort, ainsi que leurs peurs les plus terribles. Face à l'adversité, des liens très forts commencent à se créer entre eux... Dans le même temps, leurs proches, restés seuls au pays, doivent faire face à l'épreuve de la séparation...
« Un ennemi qui na pas peur de mourir Qui sait comment combattre ça ? »
Les guerres sont des conflits tellement forts quil est on ne peut plus normal de les retrouver à lécran. Que ce soit au cinéma ou à la télévision, pratiquement tous les conflits mondiaux ont eus les honneurs dune immortalité visuelle. Guerre de sécession, 1ère et 2ème guerre mondiale, Indochine, guerre du Vietnam, guerre du golfe, Algérie, Corée, Serbie/Croatie, Darfour, et finalement lIrak et lAfghanistan, quelles soient civiles ou militaires, elles sont naturellement fortes en ressentiments, et elles occasionnent autant dhorreurs que de bravoure.
Over there (là-bas) est donc la première sur lIrak post 11/09. Malgré limportance des faits darmes pour les américains, et ce sentiment de patriotisme toujours plus fort, la série a pourtant été arrêtée au bout de 13 épisodes.
Regrettable pourrait-on dire, car au regard de lensemble des épisodes, et bien que cela ressemble plus à une propagande sur la toute puissance et la grande utilité de larmée américaine, la série apporte ses points de vue et son lot de réflexion. Hors de son contexte, la guerre est horrible Mais lorsque lon est plongé en son sein, les préjugés, le bon sens et la logique, tout ce quon pensait trouver juste, se mélangent et tous les repères sont bouleversés. Sans justifier les actes et la présence même de larmée en Irak, le scénario, bien que classique (un petit détachement de soldats enchaînent des missions diverses) sappuie sur des situations pour le moins explosives et des personnages peu à peu attachants.
La série décrit donc le quotidien des soldats, mais sattarde aussi sur les familles restées au pays, et nhésite pas à montrer les bons et mauvais côtés de chaque partie. Entre mensonges, promesses non tenues, cas de conscience, remords et regrets Difficile en effet dapporter la démocratie dans un pays où lon empêche la sagesse des femmes musulmanes de sexprimer, et où trône la haine des étrangers, et lintolérance à quelque évolution que ce soit. Les Iraquiens ne sont pas plus sauvages que les soldats américains et inversement.
Face à un ennemi qui na pas peur de mourir, et qui appelle même à mourir sous les balles des infidèles, on découvre non plus la torture physique comme on avait lhabitude de voir dans tous films de guerre, mais une torture psychologique parfois pire, mais aussi abjecte quefficace.
Avec le recul, on comprend mieux certaines choses, certaines stratégies, certains faits, certaines paroles et certains actes, et ce quelque soit le camp. Intelligent, et subtil, le scénario décortique les rouages de la guerre à travers des dialogues percutants et révélateurs de labsurdité humaine. Et plus on avance dans les épisodes, plus la série gagne en intensité et en émotion. En grande partie au travers de personnages qui deviennent plus humains au fur et à mesure quils côtoient labsurde et le gâchis propres à chaque guerre. Les missions de ces soldats sont diverses, aussi spectaculaires (assaut de village et prises de prisonniers) que surprenantes (protection dun convoi de chiottes), mais aussi sauvetage de journaliste manipulé, gardiennage de prisonniers terroristes, distribution de vivres à des villageois parmi lesquels se cachent des insurgés, expropriation de civils humanitaires, recherche de poseurs de bombes, escorte de convoi dargent, formation de recrues iraquiennes pour le nouveau gouvernement et bien sûr la plus importante de toutes rester en vie.
Dotée dune photographie de toute beauté (qui joue avec la poussière, la lumière et les ombres) la série enchaînent des plans très efficaces dans les scènes daction, et des effets de transparences dans les difficiles relations des soldats, afin dêtre en même temps aux Etats-Unis et en Irak. Très visuels dans les paysages désertiques, les plans sont tournés pour la plupart du temps au grand angle, ce qui donne une dimension épique à lensemble de la série, qui cumule malgré tout certains clichés et maladresses, dans lexposé des propos et de la morale (si tant est quil y en ait une) que la série aborde.
Cependant, lensemble est très réussi, malgré quelques menus défauts, et chaque épisode se clôture sur une assez belle chanson folk interprétée par lun des créateurs et scénariste de la série (Chris Gerolmo). La post-synchro reste correcte, mais nest pas des meilleures. Les acteurs quant à eux sont tous très bons et servent fort à propos des personnages qui le sont tout autant.
Dommage que les américains naient pas suivis, la série se termine sur un goût dinachevé et aurait mérité une saison complète. Arrêtée après 13 épisodes, aucune chance den voir plus, et il faudra se rabattre sur le coffret, unique témoin dune série prometteuse, qui pour une fois ne nous inondait pas de bannières étoilées à chaque plan. 16/20
Traduction de la chanson titre
OVER THERE
The day is coming ... Le jour se lève
Drums are drumming ... Les tambours battent
If you know one say a prayer ... Si tu en connais une, fais une prière
Mothers crying ... Les mères pleurent
Father's sighing ... Les pères soupirent
War is in the air ... La guerre est dans l'air
Trains filling up with boys ... Les trains se remplissent de garçons
Who have left behind their favorite toys ... Qui ont laissé derrière eux leurs jouets préférés
They're going over there ... Ils vont là-bas
Over there... Là-bas
Someone has to die ... Certains vont mourir
Over there ... Là-bas
Over there ... Là-bas
It's not our job to reason why ... On a pas à en discuter
Over there ... Là-bas
Over there ... Là-bas
Oh, someone has to die ... Certains vont mourir
Over there ... Là-bas
Over there ... Là-bas.