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17 Aug

JERICHO

 - Catégories :  #SERIES télé

 

de Stephen CHBOSKY et Jon TURTELTAUB

(Etats-Unis - 2006)

Une catastrophe nucléaire plonge les habitants d'une petite ville du Kansas dans le chaos. Le pays est-il complètement ravagé ? Y a-t-il d'autres survivants ? Les doutes, les peurs et le désespoir commencent à gagner le petit groupe de survivants. Mais face à cette épreuve, le pire comme le meilleur peut surgir en chaque être humain...

Et si, du jour au lendemain, le monde que vous connaissiez devait faire inexorablement partie du passé…

Si, par un beau matin, un champignon atomique venait obscurcir votre horizon…

Si, par la suite, vous étiez dans l’ignorance la plus complète sur cette nouvelle terrifiante…

Et si votre futur n’était désormais que peur, paranoïa, affrontements fratricides, et survie sur des terres dont vous ne savez pas si la radioactivité peut ou non, vous faire consommer ses produits….

C’est un peu ce que la série vous propose de vivre, au travers de ses 29 épisodes (soit un peu moins d’une saison et demie), en compagnie des habitants de cette petite ville en plein cœur des Etats-Unis. En effet, la série, arrêtée au beau milieu de la seconde saison traite avec un rare discernement, des conséquences directes d’une explosion atomique, et de la pagaille que cela ne manque pas d’entraîner parmi une population isolée, et manquant peu à peu des ressources les plus vitales.

Absence d’informations nationales (s’agit-il d’un accident, d’une attaque terroriste…ou d’une guerre tout simplement ?), épuisement progressif des ressources principales (électricité fournie par un groupe électrogène, ce dernier fonctionnant à l’essence, nourriture, chauffage…), instauration d’un rationnement alimentaire lié aux cycles des récoltes, et d’un système de troc pour ce qui concerne la nourriture, et l’apparition des premiers signes de paranoïa…prémices d’un basculement dans une folie qui va devenir ravageuse et meurtrière, envers des villages voisins, ou des étrangers rescapés dont on ne sait plus s’ils sont amicaux ou belliqueux…sans compter un scénario qui fait planer l’ombre d’un gigantesque complot gouvernemental propre à réveiller le cauchemar des attaques terroristes du 11 septembre 2001.

  

Et c’est probablement pour cela que la série à été stoppée au bout d’à peine 30 épisodes. Les américains semblent en effet mettre désormais de côté tout ce qui leur rappelle leur propre histoire…que ce soit avec les attentats du World Trade Center, et la guerre, encore active au Moyen-Orient, qui en découla. Le film d’Oliver Stone n’a pas été un grand succès…La série Over There a subi elle aussi la volonté du peuple américain de laisser dans l’ombre les mensonges d’un gouvernement et le sacrifice de milliers de soldats dans une guerre que la plupart du peuple américain considère, à juste titre, comme un nouveau Viêtnam.

Devant les nombreuses incohérences d’un acte voulu comme terroriste, le peuple américain, et avec lui une bonne partie du reste du monde, à commencé à croire à l’impensable…un complot directement orchestré par le gouvernement, ce dernier se servant de ce fait comme excuse à une guerre, par la suite considérée par le monde entier comme légitime. Pour ceux que la théorie du complot intéresse, je ne peux que vous recommander le documentaire Loosing Change – Facing the evidences (Faire face aux preuves), subversif, mais terriblement troublant.

C’est un peu ici la même chose, mais à un degré supplémentaire, car il ne s’agit pas de guerre avec un autre pays mais de quelque chose de bien plus machiavélique. Une nouvelle guerre civile…Américains contre américains…

 

Remettant en avant la corruption d’un état n’ayant presque plus rien d’humain, la série nous fait vivre le pire comme le meilleur, en nous faisant vivre le quotidien de personnages, pour la plupart attachants, mais pour d’autres inquiétants, voire inhumains.

Si dans les années 80 un film abordait le sujet (L’aube rouge de John Milius) il ne faisait qu’effleurer finalement la survie d’un groupe de patriotes. Ici les enjeux sont énormes, et les frictions nombreuses, intenses et prenantes.

La tension est progressive, au fur et à mesure que les informations arrivent, et la série va très loin dans les conséquences d’un tel évènement. Coté réalisation, la série est orchestrée par Jon Turtletaub (Rasta rockett, Phénomène, Instinct), qui signe la production et la réalisation des deux premiers épisodes.

Côté acteurs, pas de figures emblématiques, et les plus connus d’entre eux sont Skeet Ulrich (Scream, 50° farenheit), Pamela Reed (L’étoffe des héros, L’échange) et le trop rare James Remar (Les guerriers de la nuit, Opération Shakespeare) peu présent, malgré un charisme indiscutable.

  

Malgré l’absence de star véritable, l’interprétation est d’un niveau tel, qu’on ne peut se rendre à l’évidence que les américains sont vraiment les maîtres dans ce domaine. Rien que dans cette série, il y a un vivier de talents incroyables. Grâce à une réalisation nerveuse et des maquillages tout à faits réussis (saleté, fatigue, blessures…), le moindre acteur de cette série nous livre une prestation des plus remarquable de justesse et de sensibilité.

Une excellente série donc, qui a réussi à me tirer quelques frissons, que ce soit dans les nombreuses scènes de guerre fratricides ou dans les moments intimistes, entre amis et frères, entre amants ou parents, même si elle n’évite pas les classiques histoires d’amours qui font trois tours et se défont.

Si la série reste très américaine dans le comportement fier de ses personnages (au lendemain de la bombe, ils organisent un barbecue géant pour ne pas perdre la viande qu’ils ne peuvent plus conserver), elle n’en reste pas moins représentative de ce que sait faire ce grand pays, dans un scénario qui, s’il n’évite pas certains clichés manichéens, est toutefois très efficace et prenant. A voir. 17/20

 



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