JERICHO
de Stephen CHBOSKY et Jon TURTELTAUB
(Etats-Unis - 2006)
Une catastrophe nucléaire plonge les habitants d'une petite ville du Kansas dans le chaos. Le pays est-il complètement ravagé ? Y a-t-il d'autres survivants ? Les doutes, les peurs et le désespoir commencent à gagner le petit groupe de survivants. Mais face à cette épreuve, le pire comme le meilleur peut surgir en chaque être humain...
Et si, du jour au lendemain, le monde que vous connaissiez devait faire inexorablement partie du passé
Si, par un beau matin, un champignon atomique venait obscurcir votre horizon
Si, par la suite, vous étiez dans lignorance la plus complète sur cette nouvelle terrifiante
Et si votre futur nétait désormais que peur, paranoïa, affrontements fratricides, et survie sur des terres dont vous ne savez pas si la radioactivité peut ou non, vous faire consommer ses produits .
Cest un peu ce que la série vous propose de vivre, au travers de ses 29 épisodes (soit un peu moins dune saison et demie), en compagnie des habitants de cette petite ville en plein cur des Etats-Unis. En effet, la série, arrêtée au beau milieu de la seconde saison traite avec un rare discernement, des conséquences directes dune explosion atomique, et de la pagaille que cela ne manque pas dentraîner parmi une population isolée, et manquant peu à peu des ressources les plus vitales.
Absence dinformations nationales (sagit-il dun accident, dune attaque terroriste ou dune guerre tout simplement ?), épuisement progressif des ressources principales (électricité fournie par un groupe électrogène, ce dernier fonctionnant à lessence, nourriture, chauffage ), instauration dun rationnement alimentaire lié aux cycles des récoltes, et dun système de troc pour ce qui concerne la nourriture, et lapparition des premiers signes de paranoïa prémices dun basculement dans une folie qui va devenir ravageuse et meurtrière, envers des villages voisins, ou des étrangers rescapés dont on ne sait plus sils sont amicaux ou belliqueux sans compter un scénario qui fait planer lombre dun gigantesque complot gouvernemental propre à réveiller le cauchemar des attaques terroristes du 11 septembre 2001.
Et cest probablement pour cela que la série à été stoppée au bout dà peine 30 épisodes. Les américains semblent en effet mettre désormais de côté tout ce qui leur rappelle leur propre histoire que ce soit avec les attentats du World Trade Center, et la guerre, encore active au Moyen-Orient, qui en découla. Le film dOliver Stone na pas été un grand succès La série Over There a subi elle aussi la volonté du peuple américain de laisser dans lombre les mensonges dun gouvernement et le sacrifice de milliers de soldats dans une guerre que la plupart du peuple américain considère, à juste titre, comme un nouveau Viêtnam.
Devant les nombreuses incohérences dun acte voulu comme terroriste, le peuple américain, et avec lui une bonne partie du reste du monde, à commencé à croire à limpensable un complot directement orchestré par le gouvernement, ce dernier se servant de ce fait comme excuse à une guerre, par la suite considérée par le monde entier comme légitime. Pour ceux que la théorie du complot intéresse, je ne peux que vous recommander le documentaire Loosing Change Facing the evidences (Faire face aux preuves), subversif, mais terriblement troublant.
Cest un peu ici la même chose, mais à un degré supplémentaire, car il ne sagit pas de guerre avec un autre pays mais de quelque chose de bien plus machiavélique. Une nouvelle guerre civile Américains contre américains
Remettant en avant la corruption dun état nayant presque plus rien dhumain, la série nous fait vivre le pire comme le meilleur, en nous faisant vivre le quotidien de personnages, pour la plupart attachants, mais pour dautres inquiétants, voire inhumains.
Si dans les années 80 un film abordait le sujet (Laube rouge de John Milius) il ne faisait queffleurer finalement la survie dun groupe de patriotes. Ici les enjeux sont énormes, et les frictions nombreuses, intenses et prenantes.
La tension est progressive, au fur et à mesure que les informations arrivent, et la série va très loin dans les conséquences dun tel évènement. Coté réalisation, la série est orchestrée par Jon Turtletaub (Rasta rockett, Phénomène, Instinct), qui signe la production et la réalisation des deux premiers épisodes.
Côté acteurs, pas de figures emblématiques, et les plus connus dentre eux sont Skeet Ulrich (Scream, 50° farenheit), Pamela Reed (Létoffe des héros, Léchange) et le trop rare James Remar (Les guerriers de la nuit, Opération Shakespeare) peu présent, malgré un charisme indiscutable.
Malgré labsence de star véritable, linterprétation est dun niveau tel, quon ne peut se rendre à lévidence que les américains sont vraiment les maîtres dans ce domaine. Rien que dans cette série, il y a un vivier de talents incroyables. Grâce à une réalisation nerveuse et des maquillages tout à faits réussis (saleté, fatigue, blessures ), le moindre acteur de cette série nous livre une prestation des plus remarquable de justesse et de sensibilité.
Une excellente série donc, qui a réussi à me tirer quelques frissons, que ce soit dans les nombreuses scènes de guerre fratricides ou dans les moments intimistes, entre amis et frères, entre amants ou parents, même si elle névite pas les classiques histoires damours qui font trois tours et se défont.
Si la série reste très américaine dans le comportement fier de ses personnages (au lendemain de la bombe, ils organisent un barbecue géant pour ne pas perdre la viande quils ne peuvent plus conserver), elle nen reste pas moins représentative de ce que sait faire ce grand pays, dans un scénario qui, sil névite pas certains clichés manichéens, est toutefois très efficace et prenant. A voir. 17/20