THE BIG ONE
de Michaël MOORE
(Etats-Unis / Angleterre)
genre : Documentaire / 1h25 / 1998
Véritable trublion du monde économique et politique, plus proche du journaliste d'investigation ayant à coeur de dénoncer le système, ce drôle de bonhomme de Michaël Moore, par ailleurs grand amateur de farces en tous genres, frappe encore très fort dans ce documentaire sur les grosses entreprises américaines qui licencient à tour de bras, alors même qu'elles génèrent des bénéfices faramineux chaque année.
Dans des interviews, parfois belliqueuses dans les questions, Moore n'hésite pas à mettre mal à laise ses interlocuteurs en posant des questions pour le moins dérangeantes pour les grands patrons, du moins ceux qu'il réussit à approcher. Parmi ceux-là, le big boss de Nike qui ferme ses usines aux USA pour les délocaliser en Asie ou ailleurs. Pour appuyer ses propos et prouver que les patrons ne savent rien de ce qui se passe dans ces usines lointaines, il n'hésite pas à payer de sa poche des billets d'avion au plus grand fabricant de chaussures de sport, afin d'aller visiter les manufactures indonésiennes qu'il n'a lui-même jamais visité. A la suite de cette séquence, la société Nike fût obligée publiquement de renoncer au travail des enfants dans ses usines indonésiennes.
En marge de tout ceci, Moore pousse le vice et se permet le luxe de créer des associations fictives aux noms plus que douteux (réseau pédophile, amateurs de haschisch ) afin d'envoyer des donations au financement des campagnes des hommes politiques, pour voir si les chèques sont effectivement encaissés.
Il décerne des prix de meilleur « licencieur » à chaque PDG de multinationale, et se moque ouvertement des grands de ce monde durant les promotions de son livre, dans des discours à l'humour corrosif, qui tiennent presque du one man show, comme cétait la grande mode aux Etats-Unis dans les années 80/90.
Il s'est dailleurs constitué à travers tout le pays tout un réseau d'information populaire, dans lequel il puise allègrement ses cibles les plus représentatives, et surtout les plus éloquentes.
Proche du peuple (ses parents étaient des prolos de base), scrupuleux dans son travail, il vérifie chaque indice pouvant le mener à la vérité. Une vérité si absente d'un système qui glorifie le mensonge et les arnaques, que Moore s'empresse alors d'égratigner à chaque occasion qui lui est permise, quitte à se faire raccompagner parfois par les services de police, ou de sécurité.
Devant la pugnacité du bonhomme et sa nonchalance, toutes deux nourries par l'appui et les encouragements du peuple qui achète ses livres et applaudit ses films, nul doute que Moore est devenu la bête noire des hommes politiques (Fahrenheit 9/11) et des patrons milliardaires (Roger & me), ainsi que les compagnies d'assurances (Sicko) ou des associations telles que
Digne représentant du peuple américain de base (patriote à l'embonpoint certain, convaincu de la grandeur et de la puissance de son pays si celles-ci étaient mieux utilisées) il est devenu une star incontestée, mais qui reste somme toute humble et généreux envers les victimes du capitalisme et les oubliés du système.
Du grand art ! 18/20