DEVINE QUI VIENT DÎNER ?
de Stanley KRAMER
(Guess who's coming to dinner)
(Etats-Unis - 1967)
Joey Drayton, jeune fille de bonne famille, décide de présenter son fiancé à ses parents lors d'un dîner. Qu'elle n'est pas leur surprise quand ils constatent que le futur mari de leur fille est noir...
Ayant vu "Black/White" avec Bernie Mac et Ashton Kutcher, remake inversé de "Devine qui vient dîner", j'ai donc eu envie de voir ce dernier car le sujet méritait d'être vu avec le regard des américains des années 60.
Bien m'en a pris, car si "Black/White" tient plus de la vraie comédie, « Devine qui vient dîner » est plus axé sur une réflexion profonde du racisme à l'époque où les noirs n'étaient pas encore tout à fait acceptés.
Joué par un Sidney Poitier, véritable porte-parole des noirs à l'époque et premier noir oscarisé d'Hollywood, et un Spencer Tracy (dont cétait là son dernier film, puisquil devait mourir quelques jours après la fin du tournage) de très grande classe (premier double oscarisé du cinéma), le film brille sur tous les plans
tant sur l'interprétation (Katharine HEPBURN également superbe) que sur le sujet et surtout les dialogues, tranchants, parfois virulents, mais ciselés à la perfection par un scénariste qui maîtrise son sujet.
Un film qui met en exergue une xénophobie primaire, et qui expose les préjugés, la peur du « quen dira-t-on ? », la peur de linconnu, de ce que lon ne comprend pas, en pleine période de militantisme des droits civiques. Le Ku Klux Klan manifestait devant les cinémas projetant le film, sindignant de montrer à lécran une union mixte, tandis que certaines classes américaines commençaient à souvrir à cette nouvelle « tendance ». Le film dérangeait donc tout le monde, ce qui ne lempêcha pas pourtant davoir 10 nominations aux oscars, dont un reviendra à Hepburn pour la meilleure actrice.
Un excellent film donc, mais qui ne plaira pas à tout le monde. Le rythme est posé, presque lent, mais mérite que l'on s'y accroche, car la psychologie des personnages y est profonde et l'ensemble jamais ennuyeux. En effet, ce film na pas été fait pour rivaliser avec les plus grands réalisateurs dalors. Cest avant tout son sujet sensible qui est mis en avant au détriment dune réalisation avare de mouvements de caméra. Stanley Kramer préfère donc un style presque théâtral, une caméra souvent fixe qui suivra des acteurs conscients de limportance de leurs rôles. 16/20
Commenter cet article
K
F
K
A
K