DES FLEURS POUR ALGERNON

DES FLEURS POUR ALGERNON

De David Delrieux (2006)

Algernon est une souris de laboratoire dont une intervention expérimentale a décuplé l'intelligence. Ses capacités intellectuelles ne cessent de croître. Enhardis par cette réussite, deux savants tentent alors leur découverte sur l'homme. Charles, un attardé mental voulant à tout prix devenir 'intelligent', devient le premier cobaye humain à subir cette intervention. Charles devient à son tour très intelligent et découvre également l'amour auprès d'Alice, son professeur de piano. Mais un jour, les capacités intellectuelles d'Algernon chutent brutalement, annonçant le probable destin de Charles. Quel sera son choix : redevenir lui-même ou rester un rat de laboratoire ?

Adaptation de la télévision française d’un roman d'anticipation de Daniel Keyes, sa sortie en DVD me donne l’'occasion de donner un avis sur une œœuvre au potentiel énorme bien que difficile à mettre en scène. La complexité du roman (du point de vue originalité) étant de haut niveau, il n’'était pas aisé de s’'attaquer à pareille œœuvre.

Dans le livre, par exemple, l'auteur écrit volontairement avec des fautes d'orthographes (à décomplexer le plus nul des cancres) pour montrer son état normal, puis petit à petit, celles-ci se font plus rares au fur et à mesure qu'il gagne en intelligence et en vocabulaire. Quand cette intelligence l'abandonne, on retrouve une, puis deux puis des dizaines... Comme vous pouvez le voir, il n'est pas évident de retranscrire cela à l'écran.

De plus, il a toujours fallu des acteurs de grand talent pour interpréter des rôles de déficients mentaux, or Julien Boisselier est très loin d'avoir les épaules pour un rôle tel que celui-ci. Si la prestation est bien présente, elle n'est pas inoubliable et n'apporte pas la sympathie ressentie pour le personnage du roman. L'exposé scientifique est froid, sans relief, insipide, et manque profondément de sincérité et d'humanité.

Le réalisateur détourne à l'extrême le personnage, et ne garde que très peu de choses du roman (fabuleux) de Daniel Keyes, nous livrant un personnage antipathique et froid au possible, à cent lieues de celui du roman, humain malgré ses défauts. Je ne peux que tous vous encourager à lire ce roman (fabuleux, je le répète) afin de comparer par vous-même la version très médiocre au demeurant, de cette version télé très française finalement, avec tout ce que cela implique comme défauts, les films français de haut niveau étant bien rares il faut bien le reconnaître.

 Hélène De Fougerolles apporte une touche de charme, mais son jeu d'actrice n'est pas non plus transcendant.

Côtés critiques, certains trouveront bizarre que notre cobaye humain n’'éprouve aucun sentiment amoureux dans son état déficient, et qu'’il tombe tout simplement amoureux lorsqu'’il commence à devenir intelligent. Pour résumer je dirais que l'amour n'est certes pas l'apanage des gens normaux, mais heureux sont les simples d'esprit qui n'ont pas conscience de tout ce qui nous entoure, le bien comme le mal, l’'amour comme la guerre...car celui qui accroît son savoir, accroît de ce fait sa souffrance. 08/20