MELISSA P.
MELISSA P. 15 ans
(Melissa P.)
2006 - De Luca GUADAGNINO
L'éveil sexuel d'une jeune Sicilienne à travers ses expériences les plus audacieuses. Son comportement décadent et autodestructeur, au lieu de lui apporter des réponses, l'entraîne dans une spirale de doutes, de souffrances et de déceptions amoureuses jusqu'au jour où un événement tragique lui ouvre les yeux sur ce que signifie réellement être une femme
Dans ce témoignage d'une adolescence perturbée par les premiers désirs amoureux, le réalisateur utilise des cadrages suggestifs et crus, à l'érotisme primaire, mais typique de la façon de filmer européenne. D'aucuns pourront penser que c'est racoleur, mais ce n'est de fait jamais vulgaire bien que dérangeant parfois. Car avant d'être des adultes on est des adolescents, avec ce que cela comporte de doutes, de certitudes, de faux-semblants, de vérités et de mensonges, que ce soit à soi-même ou envers les autres. Tiré d'un roman autobiographique, presque journal intime pourrait-on dire, la réalité n'en est que plus palpable. Ce n'est certes pas romantique, ce n'est pas non plus très subtil de prime abord, mais au-delà de ça, la psychologie de notre héroïne malheureuse est parfaitement bien retranscrite, et nous aide à mieux comprendre, en tant que parents, nos chères progénitures.
C'est donc une plongée en eaux profondes et troubles dans le monde de l'adolescence, ce même monde que nous avons vécu nous-même mais que nous avons peu à peu oublié. Mélissa est donc là pour nous le rappeler, et nous dire que si les époques changent, les mentalités restent les mêmes. Une réaction en chaîne d'actes revanchards, qui va transformer en premier lieu un esprit fragile qui se croit fort, puis le corps changeant, jusqu'à ce qu'elle devienne, ce que consciemment, elle ne voulait jamais devenir...Une fille beaucoup trop facile et perdue, se détachant du monde qui l'entoure, croyant par ses actes posséder les autres, posséder leurs désirs, les faire souffrir alors qu'elle est seule à en payer le prix.
En tant que spectateur, nous souffrons avec elle, de la voir se tromper de chemin, trébucher et devenir aveugle, dans cette lente descente aux enfers, tant spirituelle que corporelle. Et même si nous avons oublié ce monde là, même si on a du mal à comprendre certaines de ces réactions, ce magnifique film est là pour nous remettre à niveau sur les ados d'aujourd'hui.
Un film magnifiquement interprété par la jeune Maria Valverde pour ce drame sublime et puissant, à ranger aux côtés de "Mauvaises fréquentations", son équivalent français ou de "Profond" l'homologue hollandais qui, bien que différents tous deux, dépeignent le même sentiment de perte de repères, le désir d'aimer et d'être aimé autrement que par l'amour parental. En bref, une adolescence aussi cruelle que belle tant que l'on réussi à s'en sortir indemne. 17/20